Parlons pro

FilAMA, le fil des Assistants Maternels Agréés de Parthenay-Gâtine.
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                                                                                                                              LES V.E.O.

                                                                                                 VIOLENCES EDUCATIVES ORDINAIRES

Aborder le thème des Violences Educatives Ordinaires ou des douces violences, c’est faire le choix de parler d’un thème afin de mieux le comprendre et l’appréhender. C’est aussi mettre en avant la loi n° 2019-721 relative à l’interdiction des violences ordinaires dite « anti-fessée » qui a été promulguée le 10 juillet 2019. Cette loi permet à la France de se mettre en adéquation avec la Convention internationale des droits de l’enfant ratifiée en 1990. Le texte est simple et ajoute un alinéa à l’article 371-1 du Code civil relatif à l’autorité parentale : « L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques » . La loi introduit également la prévention des violences éducatives ordinaires dans le Code de l’action sociale et des familles (article L 421-14), en imposant une obligation de formation à tout Assistant(e) Maternel(le) Agréé(e). En effet, une initiation aux gestes de secourisme, à la prévention des violences éducatives ordinaires ainsi qu’aux spécificités de l’organisation de l’accueil collectif des mineurs est obligatoire pour exercer la profession d’Assistant(e) Maternel(le) Agréé(e). Le législateur a donc voulu, non seulement, viser dans cette loi l’entourage familial mais aussi les professionnels de l’accueil du tout-petit afin de bannir les châtiments corporels sur les enfants.

Monsieur Olivier MAUREL de l’association OVEO a créé et défini ce terme pour désigner toutes les violences qu’elles soient d’ordre physique ou d’ordre verbal. On les dit « ordinaires » car elles ont été acceptées tacitement dans notre société. On les voyait comme le seul moyen unique de redresser les comportements jugés « déviants ». Les VEO peuvent représenter des paroles blessantes, humiliantes ou des gestes violents que parents ou tout adulte responsable d’un enfant commettent sans en avoir conscience en général, dans des situations où leurs nerfs sont mis à rude épreuve. Ce sont souvent des violences que ces mêmes adultes ont vécu dans leur enfance ou des modèles éducatifs qui sont devenues « d’unebanalité » pour eux, qui se sont infiltrées dans les mœurs jusqu’à les reproduire sur leurs propres enfants ou les enfants dont ils prennent soin.

Catherine GUEGUEN, pédiatre formée à l’haptonomie et à la Communication Non Violente (CNV), a rendu accessible les dernières découvertes des neurosciences affectives et sociales sur le jeune enfant et le développement de son cerveau. Elle explique que lorsque l’enfant subit des humiliations verbales et physiques, cela engendre chez lui une augmentation du taux de cortisol qui va abîmer profondément son cerveau par les neurones, la connexion entre les neurones, l’expression de certains gènes, les structures cérébrales elles-mêmes, les circuits neuronaux. Ce qui aura un effet direct sur les capacités de mémorisation et d’apprentissage des enfants : l’hippocampe étant impacté.

A la lecture de ces quelques lignes, on comprend bien que cette thématique est sensible et pour autant fondamental car un enfant a besoin d’amour et de respect pour se construire et grandir sereinement. Nous avons tous dans notre entourage des personnes qui disent « j’ai reçu des coups et je n’en suis pas mort, ça m’a appris la vie » pour autant et bizarrement on entend moins : « j’ai reçu des coups et j’ai confiance en moi et me sens complètement épanouie dans ma vie ». Comme l’a défini monsieur John Bowlby dans sa théorie de l’attachement, le tout-petit et plus généralement l’enfant a besoin pour se développer normalement, sur le plan affectif et social, de former une relation affective privilégiée avec au moins un donneur de soins : appelé figurine d'attachement principale. Nous adultes, sommes des référents pour les enfants, des modèles à imiter. On sait aujourd’hui que l’humiliation entre autre n’aide pas un enfant à grandir. Comme l’a dit Arnaud Deroo, thérapeute et consultant en éducation, lors d’une de ses conférences sur la bienveillance éducative : « on n’a jamais vu un jardinier marcher sur ses fleurs pour les faire pousser ! ». Prendre conscience de ses actes et de ses paroles est important et peut être un point de départ pour réfléchir et changer. En tant que jardinière d’enfants (ancien nom donné aux éducatrices de jeunes enfants jusqu’en 1974) ce petit article est juste là pour semer des graines de sens a qui me lira…

                                                                                                                                                                                                             Virginie Renaud

                                                                                                                                                                                                            Educatrice de jeunes Enfants

                                                                                                                                                                                                             Responsable et Animatrice RE CCPG

 

Voici un texte écrit par Coralie, stagiaire Educatrice de Jeunes Enfants, 2ème année, que nous avons pu accueillir dans notre service, de février à mai dernier. Elle vous propose ici, non sans humour, de nous interroger sur nos représentations.

Bonne lecture à vous,

L’équipe du Relais Enfance.

                        « Moi quand je serais grande, je serais camionneur ! »

 

Qui n’a jamais entendu : « Oh, les garçons ça s’attachent pas les cheveux »

« Laisse-moi faire, t’es une fille, t’as pas assez de force ! »

« Sois courageux, les garçons ça pleurent pas »

Mais, c’est vrai les filles doivent être jolies et gentilles alors que les garçons doivent être forts et courageux ! Mais oui, les garçons ne jouent qu’avec des camions alors que les filles ne jouent qu’avec des poupons !

 

Vous l’aurez compris, je pousse le bouchon un peu trop loin volontairement et pour nous faire sourire, pour nous inviter à nous questionner sur la notion du genre.

Et oui, voilà un thème très actuel qui peut faire débat.

 

En tant qu’adulte (parents, professionnels...), que pouvons-nous faire face à cette question du genre ?

Nous sommes constamment invités à nous remettre en question sur ce qu’on donne à voir et ce qu’on propose aux enfants. Dans la vie de l’enfant, un jeu reste un jeu pour lui, qui lui permet d’explorer et de grandir, sans aucun apriori.

 

Voici quelques propositions à destination des enfants si vous voulez allez plus loin sur ce sujet :

 
Exemples de livres non genrés :

- « Le choix de Koki » de Félix Rousseau avec la contribution de classe gagnante du Concours Lire Égaux : « Sur la planète Dragona, chaque dragon naît soit bleu, soit rose, et se comporte selon sa couleur. C’est comme ça depuis toujours. Le jeune Koki, lui, n’est pas d’accord : il voudrait pouvoir faire ce qui le rend heureux, qu’importe sa couleur ! »

- Les filles peuvent le faire...aussi / Les garçons peuvent le faire...aussi ! De Sophie Gourion et Isabelle Maroger : « Un album double-face, avec deux couvertures, et deux histoires (un côté filles, un côté garçons), pour bousculer les clichés avec humour et poésie, et inviter l’enfant à être qui il veut vraiment ! »

 

Exemples de jeux non genrés :

- Les jeux de cartes : le mémo de l’égalité de la marque TOPLA qui existe sur plusieurs thèmes (métiers, émotions.,…)

- Les poupées : Barbie et Ken. Oui, Barbie n’est pas forcément qu’une princesse, elle peut être aussi astronaute, pompier ou encore chef de cuisine. Quant à Ken, il participe aux tâches ménagères et peut être aussi vétérinaire.

La motricité libre consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant

sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit 

                                                                                                                  Emmi PIKLER

 

Quel est l’intérêt de se former ?


Les Assistant(e)s Maternel(e)s Agréé(e)s (A.M.A.) restent à ce jour le premier mode d’accueil en France. Vous êtes des professionnel(le)s qui accueillent quotidiennement des enfants et des familles. Vous êtes plusieurs à nous transmettre l’importance pour vous des relations avec les parents employeurs. Vous évoquez parfois combien votre savoir-faire et votre savoir être sont ressources pour certains parents dans l’accompagnement à la parentalité. Cela n’empêche pas certain(e)s professionnel(le)s parfois de souhaiter être davantage reconnu(e)s dans leurs compétences professionnelles. Le Relais d’Assistantes Maternelles (RAM) participe au développement de la profession d’Assistant(e)s Maternel(e)s Agréé(e)s en facilitant l’accès à la formation continue ou encore comme le font les responsables du Relais Enfance de la Communauté de Communes Parthenay-Gâtine en mettant en place des ateliers comme les temps d’Analyse de le Pratique Professionnelle (A.P.P.) ou encore « jeum’exprim’ ».


Il est fondamental de maintenir le plaisir et l’intérêt porté à sa profession, d’une part cela offre l’opportunité de développer ses compétences professionnelles, d’asseoir sa pratique et sa confiance en soi.


Le métier d’assistant maternel ne s’improvise pas. Au-delà de la formation initiale obligatoire, la formation continue donne des clés pour développer son savoir-faire, découvrir d’autres pratiques professionnelles, proposer une présence différente aux enfants, s’épanouir soi-même et évoluer dans son quotidien professionnel.


Elaboré par Virginie RENAUD 01.2021

Le Phare

Anne-Marie FONTAINE est devenue une référence dans le monde de la Petite Enfance depuis longtemps maintenant, cette chercheuse, formatrice, auteur est reconnu en particulier pour ses recherches en lien avec la posture de l’adulte auprès de l’enfant. Elle appelle cette façon d’être au tout-petit : le phare. Tel que son nom l’indique : l’adulte phare, éclaire et donc soutien par sa présence l’importance de ce que fait l’enfant, sa façon d’être au monde. Voici des articles sélectionnés qui vous donnerons quelques pistes de travail intéressantes :

« OBSERVER MIEUX, OUI… MAIS COMMENT ? » Par Anne Marie Fontaine, article paru dans « Le Journal des Professionnels de la Petite Enfance », novembre/décembre 2017, n°109.

« Quand on s’interroge sur les pleurs, les conflits, l’agitation des enfants, il faut toujours se dire que tout ne vient pas d’eux, mais qu’il y a deux autres composantes de la situation qui sont en interaction avec le comportement des enfants : le positionnement et la qualité de présence des adultes et l’environnement matériel (agencement des meubles et jouets). Tenir compte des trois composantes à la fois permet de rééquilibrer beaucoup de situations difficiles »

« FACILITER LES JEUX DURABLES ET LES INTERACTIONS AMICALES ENTRE ENFANTS » Par Anne Marie Fontaine, article paru dans « Métiers de la petite enfance », avril 2014, n°208.

« Les adultes sont comme des phares en mer qui éclairent et sécurisent une zone. Les enfants jouent dans les zones « éclairées » par eux. Si deux adultes se positionnent ensemble dans une partie de la pièce, il y a fort à parier qu’au bout de quelques minutes les enfants seront plus nombreux du côté « éclairé » et que des conflits vont se produire (trop d’enfants pour la moitié de jouets). Si l’un des adultes se positionne alors dans l’autre partie de la pièce, la répartition des enfants se rééquilibre et le climat s’apaise. Pour que toutes les propositions de jeu d’un espace de vie (ou d’un jardin) soient utilisées par les enfants, il faut que les adultes soient eux-mêmes bien répartis dans l’espace. Si un adulte est seul avec un groupe, il doit se positionner pour être vu d’un maximum d’enfants. A la différence des phares en mer qui éclairent à 360°, les adultes sont des « phares directionnels » et les enfants tiennent compte de la direction de leurs regards : ils préfèrent jouer devant eux plutôt que dans leur dos. C’est le regard des adultes sur leur jeu qui crée une atmosphère de confiance. Pendant les jeux libres, des « phares » posés et bien répartis envoient aux enfants, par leur simple regard attentif et bienveillant, le message non verbal suivant : « je suis là, je vous regarde jouer, s’il y a besoin je peux vous aider, ou jouer un petit peu si vous avez envie, je vous fais confiance, j’observe vos idées de jeu, vos découvertes, vos interactions… »

                                                                                                                                                                                                                     Elaboré par Virginie RENAUD

L’enfant joue, donc il grandit 

Relais Enfance : Qu’est-ce-qu’une ludothèque ?

Cathy : C’est un lieu où l’on donne à jouer. Elle permet de pratiquer le jeu sur place sans abonnement mais aussi d’emprunter des jeux avec abonnement. C’est un lieu intermédiaire où les enfants et les parents font une pause dans leur quotidien pour vivre une autre expérience.

L’utilisation d’une structure comme la ludothèque va permettre la rencontre, l’échange entre les enfants dans l’interaction autour du jeu mais aussi pour les adultes. C’est un lieu qui permet de conforter notre relation avec notre enfant car c’est un temps qu’on lui consacre. La ludothèque aide à lutter contre la société de consommation et responsabilise l’enfant dans son usage du jeu.

Relais enfance : Quelle est l’importance du jeu dans le développement de l’enfant de moins de 3 ans ?

Cathy : Il est primordial. C’est au travers des différentes phases du jeu que l’enfant va se construire, s’identifier, acquérir des compétences d’abord au travers les jeux dit sensoriels, puis de manipulation, du jeu moteur et par la suite symboliques. Il est important d’offrir aux enfants les jouets adaptés à ces différentes étapes. C’est par l’expérimentation des objets que l’enfant va apprendre par touche d’essai et dans la répétition des gestes.

Relais Enfance : Qu’aurais-tu envie de transmettre aux parents et aux professionnel(lles) de la Petite Enfance ?

Cathy : Les espaces de jeux doivent être aménagés de façon à permettre l’autonomie de l’enfant dans son exploration. Il est important qu’il puisse prospecter les objets ludiques sans contraintes de l’adulte qui est trop souvent intrusif dans le jeu de celui-ci. Cela empêche l’enfant de développer son imaginaire. Il faut le laisser prospecter, explorer l’univers du jeu à fond dans un cadre sécurisé, l’accompagner dans le mouvement ; cela lui permet de prendre confiance en lui.

On est dans une société où il faut produire, dans l’éducatif à fond.  Il ne faut pas aller trop vite vers le jeu de règle au détriment du jeu symbolique qui a tendance à être sacrifié. L’adulte se positionne dans le faire avec l’enfant alors qu’il devrait être dans l’observation.

Etre dans l’observation c’est déjà être disponible pour son enfant. A travers ces temps, l’adulte va pouvoir détecter les besoins et l’évolution de son enfant. 

Marie-Laure TALBOT-FRADIN

La relation bien-traitante à l’enfant, par Arnaud Deroo, consultant en éducation psycho/social et thérapeute

L’enfant est un être d’émotions, notre monde semble nous faire oublier ces fondamentaux. Emotions qui ont besoin d’être entendues, mises en mots pour l’aider à se construire au monde. Si un jeune enfant n’est pas entendu dans son vécu émotionnel, voire même puni, mis en retrait, il sera fragilisé dans sa sécurité intérieure. Une émotion vécue par l’enfant est parfois bruyante. « Sophie, 3 ans qui dès le réveil crie à son père quand il rentre dans sa chambre : « non pas toi, je veux maman »

Le jeune enfant doit se sentir aimé, respecté, c’est un besoin fondamental, non un luxe. Cet amour ressenti donne la base de sécurité indispensable pour aller à la rencontre avec soi et les autres. C’est une relation de « coeur à coeur », d’être sensible à être sensible dont l’enfant a besoin.

L’émotion est un langage

L’émotion est un langage, son expression doit être décodée. Ce n’est pas simple pour lui non plus, et votre présence calme, attentive va l’aider à passer le cap émotionnel.

Aider l’enfant dans ce vécu émotionnel est un beau présent, dans le présent, à lui faire. Offrir à l’enfant, des adultes qui accueillent avec bientraitance les émotions va lui permettre de développer son autonomie, sa confiance en soi, son esprit critique, son capital bonheur.

Le jeune enfant face à ses états émotionnels est démuni, c’est pour cela que la réaction va être souvent motrice et vive, cela est dû à son immaturité neurologique et non contre vous. Dans ses états émotionnels, votre enfant a besoin de vous.

Donc retenons :

Ce regard, cette communication humaniste, va offrir à l’enfant une capacité au bonheur puisqu’il aura appris à sentir, à prendre soin de lui de ses besoins. Rappelez-vous la relation à l’enfant relève de l’extra-ordinaire. Prenez soin de cette relation.

Arnaud DEROO